Théâtre Littéraire de la Clarencière

Rue du Belvédère 20 (Place Flagey)

1050 Bruxelles Tél. : 02/640 46 70

Site : www.laclarenciere.be.tf E. Mail : fabienne.govaerts@skynet.be

BBL : 310-1228398-76

Direction artistique : Fabienne Govaerts

Contact pédagogique : Jean-Jacques Williquet

Dates scolaires : lundi 27 septembre à vendredi 1er octobre 2004
à 10h00 - 14h00 - 20h30
P.A.F. scolaires : 5 €

Plan du dossier

Préambule

1- La compagnie de la Grande Ourse

2- Le comédien : Marc Gooris

3- L'auteur : Albert Camus

4- L'Etranger - le roman

5- Dramaturgie

A- Le monologue

B - Le point de vue du narrateur

C - Le cadre

D - L'action

E - Le temps

6- Scénographie

7- Intérêt pédagogique

A- Le texte

A1 - Le classicisme de CAMUS

A2 - Le nouveau roman

B - La philosophie de CAMUS

8- Quelques chiffres

9- La presse a dit

10- Fiche technique

Préambules

Si à de nombreuses reprises dans l'histoire du monde, des crises des valeurs ont pu être évoquées, nous croyons que notre époque ne fait pas exception. Il suffit en effet de regarder autour de nous pour voir les effets de ce que l'on appelle depuis plus de vingt ans déjà "la crise". A travers les bouleversements géopolitiques, les guerres, ou plus proches de nous, le bouleversement de la justice, le chômage, la renaissance de certaines valeurs idéologiques, notre monde est en pleine mutation, notre société se parcellise. L'internationalisme des économies et des politiques voisinent les politiques ethniques et les exploitations les plus barbares, et ce, à l'intérieur même des démocraties les plus avancées. Pour tout un chacun, la marginalisation est devenue un risque quotidien.

C'est pourquoi nous avons eu l'envie d'en parler. De mettre sur le tapis des questions fondamentales. Sur notre chemin, nous avons rencontré CAMUS et MEURSAULT. Au-delà de l'anecdote, le personnage et l'auteur tiennent un discours d'une actualité brûlante. Qui oserait encore dire aujourd'hui qu'il ne risque pas d'être demain l'étranger d'un autre, l'étranger d'un système auquel pourtant il participe et dans lequel il vit ? Bien sûr, MEURSAULT n'est pas un martyr, une victime innocente; Mais nous pourrions tous demain être le coupable de quelqu'un, ne fut-ce que par nos croyances, notre origine, la couleur de notre peau ou notre langue.

La Compagnie de la Grande Ourse

La Compagnie de la Grande Ourse est l'héritière de la Compagnie de l'Ours. Cette dernière fut créée en 1989 et reprise en 1993 par Marc Gooris, alors directeur de la compagnie.

La Compagnie de la Grande d'Ourse est née en 2002 avec, à son bord, une nouvelle équipe. Notre but est de poursuivre le travail de feu la compagnie de l'Ours, à savoir, poursuivre la promotion et les représentations de l'adaptation théâtrale du roman d'Albert Camus

« L'Etranger » tant au niveau national qu'international, organiser et assurer la prestation de stages de communication, permettre aux membres actifs de la Compagnie de mettre leurs divers talents au service de la Culture.

Historique de la Compagnie de l'OURS

En Belgique

« 5 ANS ET DES CADEAUX » (1993-1994) de Jacques HENRARD

Avec Frédérique Geron - Mise en scène : Marc Gooris

« COULEURS DE FEMMES » (1994-1995) de Jacques HENRARD. Avec Ingrid Heiderscheidt, Jean-François Warmoes, Armand Richelet, Claude Farnir, Michaël Magalon. Mise en scène : Marc Gooris.

« LEONIE FAIT DES HISTOIRES » (1995 - 1996) basé sur « Léonie dévore les livres » de Laurence HERBERT, « Le monstre poilu » et « Le Roi des bons » de Henriette BICHONNIER. Avec Frédérique Geron, Alexandra Marotta, Scarlett Schmitz, Philippe Peteers, José Rodriguez. Mise en scène : Vincent Goffin.

« L'ETRANGER » (1996 - 2003) d'Albert CAMUS. Avec Marc Gooris. Mise en scène : Marc Gooris et Marie Jo Delhaye.

« ESCURIAL » de Michel DE GHELDERODE (1996 - 1997), en collaboration avec le Théâtre Arlequin (Liège), avec Georgy Ivanov, Alexandre Tireliers, Marc Gooris. Mise en scène : Marc Gooris.

« LE PENDU VOUS SALUE BIEN ou François de Montcorbier, dit FRANCOIS VILLON » (1998 - 1999) de Marc GOORIS. Avec Marc Gooris, Jean-François Warmoes, Dorothée Lambinon. Mise en scène : Jean-Pierre Laruche.

A l'étranger

« 5 ANS ET DES CADEAUX » Québec : à Montréal et Québec en décembre 93.

L'ETRANGER » Canada : Festival Fringe 1996, théâtre Denise Pelletier Montréal sept / oct. 1997 et octobre 1998

France : Paris en avril et mai 2001, Festival d'Avignon juillet 2001-

Suisse : Festival de Sierre novembre 2001.

« LE PENDU VOUS SALUE BIEN » : Canada : Théâtre Denise-Pelletier en sept /oct. 1998

Historique de la Compagnie de la Grande Ourse

« L'ETRANGER » : France : Festival du livre de Caen : juin 2002 ; Festival d'Avignon : juillet 2002 et juillet 2003, le Grenier Théâtre à Verdun : février et avril 2003 ; le Festival Printemps du Théâtre de Chalon-sur-Saône : avril 2003

Allemagne : théâtre international de Francfort : février 2002.

En cours : Belgique : La Clarencière : octobre 2003.
France  : Villefranche sur Rouerge : Novembre 2003
Laval, février 2003


Le comédien Marc Gooris

L'ETRANGER, Camus, Cie de l'ours & de la Grande Ourse, (Meursault), 1996-2003.

LE PENDU VOUS SALUE BIEN, Gooris, Cie de l'Ours (Villon), 1998.

LES JUSTES, Camus, XYX Théâtre, (Kaliayev), 1997.

ESCURIAL, Ghelderode, Théâtre Arlequin, (Le moine, le bourreau), 1996-97.

COULEURS DE FEMMES, Henrard, Cie de l'Ours, (Monet, Van Gogh,...) ,1995.

MAISON COMMUNE,Y. Laplace, MET (Lecture publique), 1992.

« SERVEUR DEMANDE », « DES SOUS, DES SOUS », « LA PARADE DE L'ESCOPETTE », Théâtre En Fantaisie (Arlequin), 1990.

DON QUICHOTTE, Opéra Royal de Wallonie, (Don Quichotte), 1989.

HAMLET, Shakespeare, (Théâtre populaire de Wallonie), (Hamlet), 1989.

LE DINER DE MLLE JUSTINE, Rideau de Bruxelles, 1985.

LA FOLIE DES GLANDEURS, Théâtre Vaudeville, Charleroi, 1983-84.

SKANDALON, Kalisky, Théâtre de l'Ancre, (Bruno Bolder), 1983.

FEMMES EN FÊTES, Théâtre de l'Ancre, 1983.

Figuration dans trois longs-métrages canadiens

« Ding et Dong, le film »,1990; «Rafales», 1991, « 2001 A space travesti », 2000).

« 9 ROSES POUR DRACURELLA » Moyen-métrage belge - Le vieux vampire, 1995.

« La chute de Babylone » Court-métrage belge - Saint Marc, 1985.

« Niet voor publicatie » Sitcom (BRTN) Participation à un épisode, 1994.

« Double 7 » RTBF Emission jeu. Participation à 12 émissions dans des séquences filmées.

« Jours de guerres » RTBF trois émissions : comédien dans des séquences reconstitutions.

Metteur en scène:

Au Québec : Théâtre En Fantaisie : « Pardon Monsieur » (90), « L'interview » (90 ), « Serveur demandé » (91).

L'Octave de Laval : « Rapt-sodie pour un ravisseur » (91)

En Belgique : Cie de l'Ours : « 5 ans et des cadeaux » (93), « Couleurs de Femmes » (94), « L'Etranger » (96)

Théâtre Arlequin : « Escurial » ( 96)

La Clarencière : « L'été 80 » (2003)

L'auteur : Albert Camus

CAMUS est né en Algérie en 1913 et est mort en 1960 dans un accident de voiture sur une route de France. Lors de sa disparition, à 47 ans, il était mondialement connu et à l'âge où d'autres auteurs arrivent seulement à la célébrité, il laissait derrière lui une des oeuvres les plus importantes de la littérature française du siècle. CAMUS, en quelques oeuvres denses, s'est illustré dans presque tous les genres (Si l'on excepte la poésie) de l'expression écrite. Les articles journalistiques du début de sa carrière, ses romans (L'Etranger, la Peste, La Chute), ses nouvelles (L'Envers et l'Endroit, L'Exil et le Royaume), ses pièces (Caligula, Les Justes), ses adaptations (Requiem pour une nonne, Les Possédés) et ses essais (Le mythe de Sisyphe, L'Homme Révolté) lui ont assuré une célébrité que le temps ne dément pas. Celle-ci n'est pas bâtie sur du sable et la profondeur de vue de l'auteur, la justesse de ses engagements et les questions qu'il soulève au fil de son oeuvre n'en finissent pas de nous interpeller.

Dès ses premiers articles, il aura un ton incisif, une attitude entière qui se reflète dans toute son oeuvre. A 26 ans déjà, avec son Enquête en Kabylie, il dérange les sphères du pouvoir ; il ne s'arrêtera jamais. Il prendra parti pour les républicains espagnols contre Franco durant la guerre d'Espagne; Il luttera contre le fascisme (Mais non contre l'Allemagne) durant la seconde guerre mondiale et tentera de concilier (réconcilier ?) les inconciliables durant la guerre d'Algérie. CAMUS ne sera jamais un extrémiste; il ne se bat que par nécessité. Il ne sera jamais un foudre de guerre mais un homme refusant la lâcheté et assumant ses idées et ses idéaux.

On a voulu en faire un chef de file de l'existentialisme, à l'égal de Sartre. C'est une étiquette qu'il a toujours refusée, et aujourd'hui que l'existentialisme est une pièce de musée, on voit à quel point il en était loin. De même, il est difficile de l'évoquer sans que ne surgisse l'Absurde. Mais il ne faut pas perdre de vue que ce n'est là qu'une facette de sa pensée, illustrée par un cycle d'oeuvre : "L'Etranger, Caligula, Le Mythe de Sisyphe." Ce n'était qu'un point de départ, non un aboutissement, une série de questions, non des réponses absolues. CAMUS ne sacrifiait pas à une mode, à un courant de pensée. On peut dire sans injure qu'il n'a rien inventé : Camus vient en droite ligne des Grecs, de Nietzsche, Dostoïevski, Pascal et Molière; Gide, Malraux, Montherlant dans les contemporains. Mais il était lui-même jusque dans ses doutes les plus profonds et c'est ce qui donne encore aujourd'hui à son oeuvre une actualité qui ne s'est jamais démentie. Certains ne s'y étaient pas trompé : le 17 octobre 1957, CAMUS reçoit, honneur suprême, le prix Nobel de littérature pour "l'ensemble d'une oeuvre qui met en lumière les problèmes se posant de nos jours à la conscience des hommes". Il n'avait que quarante-quatre ans et encore peu de temps à vivre.

L'Etranger - le roman

Si elle n'est pas la première oeuvre publiée, l'Etranger est néanmoins la première oeuvre connue du grand public. Quatre mois à peine séparent la rédaction de l'Etranger du Mythe de Sisyphe : Les questions que soulèvent l'ouvrage de philosophie agitaient donc vraisemblablement l'auteur lors de la rédaction du roman et bien que L'Etranger aie une existence autonome, le Mythe en est aussi un commentaire, au moins en partie. L'origine du roman apparaît d'ailleurs comme disparate : Des parentés avec l'envers et l'endroit sont évidentes, comme par ailleurs une filiation avec un roman jamais publié "La mort heureuse".

Si l'on s'arrête à l'histoire, à l'anecdote, nous pourrions résumer le roman de cette façon : Le jeune Meursault est un petit employé de bureau algérois, pauvre et solitaire. Au début du roman, on lui apprend le décès de sa mère à l'asile de vieillard. Au retour de l'enterrement, il retrouve ses habitudes et ses voisins, Céleste, Masson, le vieux Salamano, enfin Marie Cardona, une dactylo qui a travaillé avec lui autrefois. Une idylle se noue entre les deux jeunes gens. Marie devient la maîtresse de Meursault. Un peu plus tard, Meursault fait la connaissance d'un certain Raymond Sintès qui devient son copain et qui l'emmène à la plage. Querelles avec des Arabes; bagarre. Raymond prête son revolver à Meursault qui tue l'Arabe. Après son arrestation, Meursault va passer une année en prison en attendant son procès. Parce qu'il a fait preuve d'indifférence à l'enterrement de sa mère, qu'il est allé voir un film comique avec une femme le lendemain, qu'il ne regrette pas vraiment son crime et qu'il ne croit pas en Dieu, Meursault est condamné à la peine de mort.

 

Une note de Camus nous renseigne très vite sur la profondeur voulue du roman : "Un homme qui ne veut pas se justifier- L'idée que l'on se fait de lui lui est préférée. Il meurt, seul à garder conscience de sa vérité." Dès 1935, Camus avait rêvé de réconcilier roman et philosophie :"On ne pense que par image; Si tu veux être philosophe, écrit des romans." Cependant, il révoquera toujours le titre de philosophe et se considèrera comme un artiste, reprochant volontiers aux philosophes de perdre le réel de vue et de se griser d'un gymnastique intellectuelle dangereuse pour tous.

 

On pourrait être tenté de voir en "L'Etranger" une illustration des idées défendues dans "Le mythe de Sisyphe". Si l'on peut les mettre en parallèle, il faut cependant reconnaître que l'on retrouve dans l'ensemble des oeuvres de l'auteur les mêmes thèmes et les mêmes préoccupations.

Par exemple, Les réflexions sur la peine capitale émailleront toute l'oeuvre de CAMUS. Ce n'est pas seulement la barbarie du procédé qui l'émeut, c'est aussi le fondement juridique d'une telle sanction : "Selon un magistrat, rapporte-t-il, l'immense majorité des meurtriers qu'il avait connus ne savaient pas le matin qu'ils allaient tuer le soir." Meursault, bien entendu, est dans ce cas. Logiquement, les thèmes de l'innocence et de la culpabilité seront aussi présents de manière récurrente et liée au thème de la culpabilité, la situation de Meursault devant les hommes, sa qualité d'étranger trouveront des échos jusque dans les dernières oeuvres de l'auteur.

 

L'originalité tient ici au fait que l'histoire est la vie de Meursault racontée par lui-même. Camus délègue donc à Meursault le rôle de narrateur. (Pour définir en profondeur le point de vue du narrateur, nous vous renvoyons au point Dramaturgie) Or, Meursault est un héros ambigu : Jusqu'à quel point est-il vraiment coupable ? Peut-on considérer sa condamnation comme une erreur judiciaire ? Il est vrai que Meursault a fait montre d'insensibilité à la mort de sa mère, qu'il a tiré sur un homme et qu'en tout état de cause il a encore tiré quatre fois alors que son adversaire était hors d'état de nuire. La valeur exemplaire du roman vient de ce que Meursault n'est pas tant victime d'une malheureuse coïncidence que d'un enchaînement logique des faits et de la marche normale de la justice des hommes. Il le admet d'ailleurs lui-même en reconnaissant que la plaidoirie de l'avocat général présentait les faits d'une manière logique : "Ce qu'il disait était plausible." Cependant, dans Le mythe de Sisyphe, Camus écrit : "Ai-je besoin de développer l'idée qu'un exemple n'est pas forcément un exemple à suivre ?

Les ambiguïtés de Meursault ne sont pas des marques d'insuffisances de l'auteur : elles donnent le ton de l'oeuvre et vouloir à tout prix les résoudre serait en un sens trahir l'intention de Camus, et jouer le rôle de l'aumônier. Nous ne pouvons que reconnaître une prise de conscience chez Meursault, découvrir en même temps que lui son attachement aux êtres et aux choses; nous pouvons dire "Il est ainsi." Quant à apprécier son niveau d'intelligence et de culpabilité, c'est l'affaire de la société - donc de chacun d'entre nous. Héros ? Martyr ? Disons en tout cas de Meursault qu'il est une victime, victime d'une société qui a besoin de tout savoir, de tout expliquer, et qui préfère à l'homme l'idée qu'elle s'en fait. Pour avoir été lui-même, simplement, et avoir refusé de livrer son mystère; Meursault ne peut attendre d'elle aucune indulgence.

Le style de l'écriture frappe par sa simplicité, par son naturel. Il peut sembler, quand on lit "L'Etranger" que l'art du roman est à la portée de tous; mais il faut comprendre que le refus de l'ornement ne vient pas forcément d'une insuffisance, et qu'il n'est pas de chemin plus difficile, en art que la conquête de la simplicité. R. Quilliot (La pléiade p 1917) écrit à ce propos : Le problème essentiel reste celui du style .Or, c'est le style qui fait l'originalité profonde du livre, un style fort bien analysé par SARTRE à l'époque de sa parution, avec ses mots-tampons, ses isolants qui retardent le récit et aggravent le sentiment d'absurdité. Conjonctions, passés composés, répétitions, tout cela visiblement concerté comme l'écrivait CAMUS en 1942. (...) Il me semblait que le style de l'étranger portait la marque du récit de type populaire qui ne joue guère que sur deux temps : l'imparfait et le passé simple, qui juxtapose les phrases et ne les coordonne que par des "et" et des "alors". En un sens, la langue de l'Etranger serait à la fois littéraire - en tant que reconstruction - et profondément populaire.

 

Populaire parce que c'est Meursault qui parle, dans une retranscription fidèle d'une façon de parler des Français d'Algérie, et la façon dont il traduit ses impressions et les événements dont il a été le témoin leur donne un sens à l'intérieur de la fiction. Reconstruction parce qu'en évoquant par de petites phrases courtes, que ne relie le plus souvent aucun rapport de cause à conséquence les faits les plus anodins et les plus importants, Meursault paraît dénoncer comme de simples préjugés les points de vues que nous en avons ordinairement. Son style exprime que pour lui, il n'existe pas de petits problèmes ; son observation des détails ou sa manière de peser en toute chose le pour et le contre révèle un esprit scrupuleux et observateur. Camus ne prend pas Meursault comme intermédiaire pour écrire un reportage : il s'oblige, à travers lui, à une difficile ascèse pour redécouvrir un monde nivelé par l'oeil neuf d'un personnage indifférent aux valeurs humanistes traditionnelles.

 

CAMUS avouait volontiers, en particulier au sujet de l'Etranger, ses prétentions au classicisme. Etre classique, c'était pour lui dire le moins et suggérer le plus. A cet égard, l'Etranger est d'un classicisme militant et Camus ne se contente pas de suggérer un univers de tendresse et d'accord avec le monde : il dénonce ceux qui ont besoin de l'emphase du verbe pour avoir la chance de saisir l'ombre d'une idée ou d'un sentiment.

La Dramaturgie

A- Le monologue

 

Le roman étant écrit à la première personne, il nous était évident que l'adaptation théâtrale devait mettre Meursault seul en scène. Nous avons opté pour la forme du monologue pour deux raisons : premièrement, les événements, les différents personnages et leurs paroles sont chaque fois rapportés par le héros lui-même, qui a un point de vue subjectif . En mettant d'autres personnages en scène, on obtiendrait un effet d'objectivité qui fausserait la perspective voulue par CAMUS et qui fait la spécificité de son roman. Ensuite, nous croyons qu'en ne rapportant les événements que par le point de vue de MEURSAULT, nous restons plus proche de l'oeuvre originale tant au niveau du texte qu'au niveau de sa signification. SARTRE, dans son "explication de l'Etranger" écrivait : "Entre le personnage dont il parle et le lecteur, CAMUS va intercaler une cloison vitrée. Qu'y a t il de plus inepte en effet que des hommes derrière une vitre ? Il semble qu'elle laisse tout passer, elle n'arrête qu'une chose, le sens de leur geste. Reste à choisir la vitre : ce sera la conscience de l'Etranger. " C'est cette conscience que nous avons voulu présenter sur scène; il fallait donc absolument que tous les événements soient relatés à travers les filtres de la perception de MEURSAULT, et qu'il soit donc seul à prendre la parole. Ce personnage est une simple conscience interposée entre l'auteur et le monde (les spectateurs en l'occurrence) au travers de laquelle sont perçus, sans qu'intervienne un créateur tout-puissant qui les organise et les hiérarchise, les êtres et les choses. Meursault est à la fois la conscience au travers de laquelle on perçoit les autres personnages mais également son personnage à lui. Ceci répond de façon parfaite à la nécessité théâtrale : le théâtre n'est pas la vie mais un point de vue sur elle. MEURSAULT en prenant la parole ne nous raconte pas sa vie objectivement, il nous livre son point de vue. C'est ce point de vue qui le fera condamner et dont on peut dire qu'il fait de lui un Etranger pour les autres, mais aussi à lui-même.

Une critique, Claude Edmonde Magny écrit ceci : "On dirait que sa vie se projette sur un écran au fur et à mesure de son déroulement et qu'il la contemple de l'extérieur. Les sentiments, les réactions psychologiques qu'il cherche à atteindre en lui, il ne les y trouve pas : il ne trouve que sa vision, absolument semblable à celle que peuvent avoir les autres de ses propres comportements. Aussi s'apparaît-il comme étranger à soi-même : il se voit comme le voient les autres, du même point de vue qu'eux."

 

B - Le point de vue du narrateur

 

Une fois admis le principe du comment théâtral de la prise de parole du personnage, il nous faut réfléchir sur le pourquoi.

Dans le roman, cette définition n'est pas très claire : ce n'est manifestement pas un journal, même tenu épisodiquement : Meursault semble parfois nous rapporter des événements presque sur le vif, mais à d'autres moments, il manifeste une conscience et une analyse qui marquent une réflexion nettement postérieure : "J'avais l'impression que cette morte couchée au milieu d'eux ne représentait rien à leurs yeux. Mais je crois maintenant que c'était une impression fausse." D'autre part, jusqu'au moment où il est jugé, MEURSAULT ne se sent étranger en aucune manière, ni par rapport à la réalité, ni par rapport à la société. Les mots "amitiés, amour" supposent chez celui qui les prononce une prise de conscience de ses rapports avec ses semblables. MEURSAULT ne se pose pas le problème des rapports humains : il les vit, et il est étonné (mais disponible) quand Raymond lui offre son amitié ou Marie son amour. Il est indifférent à la mort de sa mère ou à la promotion que lui offre son patron. Tout cela change à partir du procès : auparavant il montre une étonnante passivité devant les êtres et les choses. Le procès est une prise de conscience : on lui impose le fait qu'il n'est pas comme tout le monde, on décide pour lui que sa façon d'être, de se conduire, de parler, de percevoir les choses sont néfastes. Il en restera très étonné, puis se révoltera (face au juge d'abord mais surtout au prêtre en suite) et revendiquera sa condition d'homme différent.

Le récit pourrait être construit de façon linéaire, nous montrant la progression de cette prise de conscience : hors ce n'est pas le cas puisqu'en nous rapportant certains événements, il projette de lui-même un éclairage différent sur ceux-ci, nous prouvant par là que le récit ne peut qu'être postérieur au procès, même si certains événements ont l'air d'être vécu au présent. Si l'on admet que le récit est composé par Meursault dans sa cellule après le verdict, on gagne de donner à l'histoire une perspective plus cohérente. A partir de cela, nous avons pu opter pour certains choix qui, tout en enrichissant la spécificité théâtrale, ne dénaturent pas le roman : nous prenons comme option que MEURSAULT, sachant qu'il va mourir, fait le bilan de sa vie. Pourquoi le fait-il ? Parce qu'il refuse le portrait que le procès a fait de lui. Il a été condamné au nom de valeurs qu'il ne reconnaît pas puisqu'elles donnent à ce qu'il a vécu une autre signification de ce qui a été. Ce qui entraînera sa révolte finale. En prison, il n'a rien d'autre à faire qu'à se souvenir. " J'ai fini par ne plus m'ennuyer du tout à partir du moment où j'ai appris à me souvenir. (...) J'ai compris alors qu'un homme qui n'aurait vécu qu'un seul jour pourrait sans peine vivre cent ans dans une prison. Il aurait assez de souvenirs pour ne pas s'ennuyer." D'autre part, les souvenirs sur lesquels il se penche peuvent à certains moments être des tentatives d'explications de sa personnalité. Attention, il ne s'agit pas d'un plaidoyer en faveur d'une innocence hypothétique : il s'agit plutôt d'une explication d'un comportement logique dans un monde qui cherche une cohérence : il faut analyser le passé pour juger au présent.

Un roman postérieur, "La Chute", sera défini comme un soliloque avec un interlocuteur muet : "Tantôt l'homme se parle à lui-même, tantôt, il s'adresse à quelqu'auditeur invisible, une sorte de juge." Nous pourrions, pour MEURSAULT dans sa cellule, reprendre cette définition.

En faisant ce choix, nous obtenons une cohérence théâtrale très grande, et pour ainsi dire, une construction théâtrale classique respectant la règle des trois unités :

C - Le cadre

 

L'action du roman se passe presque entièrement à Alger, ainsi que sur une plage proche de celle-ci ; nous situons l'action dans la cellule de Meursault, qui est aussi l'espace de sa mémoire. Il peut donc recréer les lieux des différents événements de sa vie.

 

D - L'action

 

Le fait que MEURSAULT se souvienne des événements de sa vie ramène l'action à une cohérence qu'elle n'aurait pas si 1- au départ, il enterrait sa mère, puis 2 - il rencontre Marie, puis 3 - il tue par hasard, etc. Ces faits disparates, sans aucun lien entre eux, ne prennent sens qu'à partir du moment où, au procès, ils deviennent causes et effets. Ce dont Meursault se défend, bien entendu. C'est cette défense, qu'il ne tient pas au procès, qu'il nous présente depuis sa cellule. Cette défense est son point de vue, et le point de vue est une nécessité théâtrale.

 

E - Le temps

 

En jouant la carte du souvenir, nous pouvons dire que le spectacle se passe en temps réel. Nous sommes au dernier bilan, c'est la dernière fois que MEURSAULT peut se souvenir; Le spectacle commence une heure et demie avant l'exécution. Mais le supplice en lui-même n'est pas important et il nous le dit lui-même : Je suis coupable, je paye mais on ne peut rien me demander de plus. Bien sûr, il a peur, mais il n'est pas désespéré. Ce qui est important, c'est qu'il revendique son droit à la différence et qu'il meurt en accord avec lui-même.


La scénographie

Depuis le début, notre philosophie de jeu explore deux axes différents mais complémentaires : d'une part un travail avec des textes forts, d'autre part un travail d'interprétation basé sur une approche très physique.

En schématisant, nous pourrions dire qu'à l'inverse du cinéma dont la vocation est de montrer la réalité en la commentant, nous considérons que le théâtre peut évoquer un rapport au monde par la puissance de la poésie du texte d'abord et du mouvement ensuite, se rapprochant par là de cet autre art vivant qu'est la danse.

Dans cette optique, le décor n'est pas pour nous un cadre dans lequel s'inscrit une action, mais ne doit exister que comme support évocateur. Il se doit donc d'être dépouillé pour être très signifiant.

Compte tenu de ceci et suite aux choix dramaturgiques, la scénographie s'est imposée d'elle-même, dans sa simplicité et son dénuement. Une cellule, avec son minimum, couchette, tabouret, table, quelques accessoires : une photo de Marie, un seau… L'important n'est en effet pas ici que Meursault soit en cellule, mais bien qu'il soit étranger au monde qui l'entoure, ce qui l'amène in fine à croupir en prison.

L'intérêt pédagogique

Les exploitations pédagogiques de l''Etranger sont nombreuses; au-delà du romancier, nous trouvons en CAMUS une des pensées les plus importantes de la littérature française du XX eme siècle. Cependant, comme nous l'avons déjà vu, l'auteur se définissait comme un artiste et non comme un philosophe. C'est donc autant dans sa production fictionnelle que dans ses essais qu'il a développé sa pensée. Il a, de plus, toujours affirmé que son cycle de l'absurde (L'Etranger, Caligula, Le mythe de Sisyphe) n'était qu'un point de départ et non des réponses à des questions. Celles-ci sont nombreuses dans l'oeuvre de l'auteur mais tournent toutes autour de quelques idées maîtresses, déjà présentes dans l'Etranger et qui se retrouveront dans toute son oeuvre.

A- Le texte

 

A1 - Le classicisme de CAMUS

 

Le classicisme de CAMUS n'est pas seulement un classicisme littéraire : c'est également un esprit formé à la pensée classique, c'est-à-dire aussi ouvert sur l'universel. L'auteur a puisé les sources de son inspiration et le développement de sa pensée auprès des plus grands noms, quelles que soient leurs origines : Plotin, Saint-Augustin, Epictète, Kierkegaard, Proust, Malraux, Dostoïevski. Il suffit de se rappeler que son mémoire de fin d'études s'intitulait "La métaphysique chrétienne et le néoplatonisme."

Dans "L'homme révolté", son dernier essai, il explore les voies ouvertes par Nietzsche et Dostoïevski pour une nouvelle compréhension du monde et du destin de l'Etre Humain, et ce dans la droite ligne des penseurs occidentaux depuis deux siècles. Cette recherche l'amènera à approfondir le point de vue défendu dans le "Mythe de Sisyphe" et à donner la révolte en réponse à un monde absurde, et ce au nom de la dignité humaine.

Au niveau de l'écriture, et plus particulièrement de "L'Etranger", Camus a toujours revendiqué son classicisme. Il écrit (Pléiade p 1898) "On s'approchera sans doute de la vérité en disant seulement que la grande caractéristique de ces romanciers (Mme de Lafayette, Stendhal, Proust, etc.) est que, chacun de leur côté, ils disent toujours la même chose et toujours sur le même ton. Etre classique, c'est se répéter. On trouve ainsi, au coeur de nos grandes oeuvres romanesques, une certaine conception de l'homme que l'intelligence s'efforce de mettre en évidence au moyen d'un petit nombre de situations. (...) Etre classique, c'est en même temps se répéter et savoir se répéter" Cette définition de Camus lui-même nous renseigne tout de suite sur l'évidence de son classicisme. En effet, les thèmes, les réflexions s'entrecroisent sans cesse dans son oeuvre, et se retrouvent aussi bien dans l'Etranger que dans La Peste ou La Chute, pour ne citer que les romans. Il pousse d'ailleurs les analogies jusque dans les noms de personnages : Dans la mort heureuse, premier roman jamais publié, le héros se nomme MERSAULT.

 

A2 - Le nouveau roman

L'Etranger, à sa sortie, avait surpris par son style naturel, sa simplicité. Camus, bien qu'en travaillant sur le schéma du roman américain (Privilégiant l'étude du comportement du personnage au détriment de la psychologie de celui-ci) et en se réclamant du classicisme, avait révolutionné l'écriture; on ne trouve pas derrière la sienne les habitudes rhétoriques et les volontés d'expression propres aux romanciers français du XIXeme siècle. Cette révolution verra naître plus tard "le nouveau roman". Roland Barthe (Le degré Zéro de l'écriture) écrit : "Cette parole transparente, inaugurée par l'Etranger de Camus, accomplit un style de l'absence qui est presque une absence idéale de style."

Cependant, s'il y a des parentés entre l'Etranger et des oeuvres d'auteurs de ce mouvement et si certains de ceux-ci voient dans ce livre un Camus précurseur, celui-ci, on l'a vu, revendique le classicisme de son récit. Même si à certains niveaux une parenté profonde peut se traduire par des similitudes au niveau de l'expression (remise en question du personnage ou de la personnalité), Camus ne s'est pas inscrit dans un mouvement littéraire ; il fut peut-être un précurseur, certainement pas un disciple.

Quelques jours avant sa mort, il déclarait : «Le goût des histoires ne s'éteindra qu'avec l'homme lui-même. Ca n'empêche pas de chercher toujours de nouvelles manières de raconter, et les romanciers dont vous parlez ont raison de déchiffrer de nouveaux chemins. Personnellement, toutes les techniques m'intéressent et aucune ne m'intéresse en elle-même. Si l'oeuvre que je veux écrire l'exigeait, je n'hésiterais pas à utiliser l'une ou l'autre de ces techniques, ou les deux ensembles. "

 

B - La philosophie de CAMUS

L'oeuvre de CAMUS est de celles qui résistent obstinément aux généralisations. On la résume parfois en disant qu'elle exprime une philosophie de l'absurde.

La place de l'Etranger dans l'oeuvre CAMUS n'est-elle qu'une illustration de cette philosophie de l'absurde ? SARTRE, dans son analyse de l'Etranger, nuançait cette opinion en disant que le Mythe de Sisyphe vise à nous donner la notion de l'absurde et l'Etranger le sentiment de l'absurde. Mais qu'est-ce que l'absurde ?

Camus écrit : «L"absurde naît de la confrontation de l'appel humain avec le silence déraisonnable du monde." De tout temps, les hommes ont interrogés leurs destins, voire leurs dieux, pour trouver une justification à l'existence du monde, à la leur propre, et trouver un sens, une direction où aller et une bonne raison d'y aller. Pour CAMUS, il n'y aura jamais que ces appels des hommes et l'incohérence du monde. En effet, Dieu n'existe pas ou plutôt : Dieu est inimaginable et n'a pas à être imaginé. C'est l'absence de Dieu et même de désir de Dieu. Reste donc l'homme, seul, face au monde. Ce constat pourrait emmener au désespoir. Ce n'est pas le cas de Camus; cette conscience de l'absurde le mènera à une philosophie de la lucidité et de la révolte. Conscience et révolte sont le contraire du renoncement. Il s'agit de mourir irréconcilié avec le monde, et non pas de son plein gré. Cette révolte néanmoins, reste "humaniste". Ce n'est pas parce que le monde n'a pas de sens que tout y est permis. Dans le Mythe de Sisyphe, CAMUS envisagera l'opportunité du suicide en réponse à l'absurde, et dans l'homme révolté, il étudiera la réponse qui passerait par le crime, avec les conséquences perverses d'une révolte mal comprise, comme par exemple la montée des états concentrationnaires de notre siècle. »

 

L'homme révolté, l'homme absurde sera donc cet homme qui sait qu'il doit se tenir debout par lui-même mais aussi pour les autres. Pour chaque homme, il y a une action et une pensée possibles au niveau moyen qui est le sien, et la recherche de l'Absolu n'est pas affaire de société, elle est celle des hommes. C'est pourquoi CAMUS tire comme conclusion : "JE ME REVOLTE, DONC NOUS SOMMES."


Quelques chiffres

Créé en avril 1996, « L'ETRANGER » compte, à ce jour, plus de 200 représentations, totalisant plus de 18.000 spectateurs. A Bruxelles, nous avons joué à l'Ex-voto (1996) et au Botanique (1997). A Liège, c'est la Courte Echelle qui nous accueille, ainsi que le Centre culturel de Seraing, le Centre culturel de Chênée, le Château de Modave, le Carlo Levi. Citons aussi le Centre culturel SFX de Verviers et celui de Dison, le Théâtre des Baladins de Namur, le Festival du Barbou à Liège, etc.

 

45 représentations ont eu lieu au Québec. En 1996, nous étions programmés dans le Festival Fringe de Montréal et en 1997 et 1998, nous étions coproduits par le Théâtre Denise-Pelletier. La première année, lors des 30 représentations, le taux moyen d'occupation des sièges fut de 94% et lors de la reprise en 1998, il fut de 82%.

En avril 2001, nous étions programmés pour dix-huit représentations à l'Aktéon Théâtre, à Paris (XI). Suite au succès de cette série, nous avons fait une reprise de douze dates à la fin du mois de mai. Au mois de juillet, nous avons participé avec succès et pour la première fois au Festival d'Avignon, au Théâtre des Corps Saints. Nous avons totalisé un bon millier de spectateurs en vingt-deux représentations dans une salle dont la jauge est de 65 places.

En novembre 2001, nous étions programmés au Festival de Sierre, dans le Valais suisse, où nous avons fait salle comble, à la grande satisfaction des organisateurs.

En février 2002, nous étions au Théâtre International de Francfort (Allemagne), où, en trois représentations dans une salle de 165 places, nous avons compté 502 spectateurs.

Au mois de juin, nous étions au centre dramatique de Basse Normandie, à Caen, pour donner trois représentations dans le cadre du Salon du Livre organisé par la Mairie.

Suit alors notre deuxième participation au Festival d'Avignon, toujours au Théâtre des Corps Saints où la moyenne de présence des spectateurs était de 75%.

Le Grenier Théâtre de Verdun nous a accueilli en février 2003 pour 4 représentations. Le succès fut tel que nous avons recommencé cette expérience en avril avec 4 nouvelles représentations.

Avril 2003 fut également le mois de notre participation au Festival du Printemps organisé à Châlons-sur-Saône, festival qui nous accueillit pour notre deux centième représentation.

Juillet 2003 vit notre troisième participation au festival d'Avignon, où le succès des années passées s'est trouvé confirmé avec, malgré les évènements difficile découlant des mouvements de grèves et de l'annulation du Festival IN, une moyenne de présence de spectateurs de 80 %.

La presse a dit

COURANT ECLECTIQUE

« Coup de cœur du festival : l'Etranger, d'après Camus, production de la Compagnie de l'Ours, de Belgique, dont le directeur artistique, Marc Gooris est l'interprète magistral. (…) Par son jeu subtil et nerveux, l'acteur, en pleine possession de ses moyens, nous offre le texte de Camus sur un plateau. Nous sommes pendus à ses lèvres. S'adressant directement à nous pendant le procès, il fait de chaque spectateur un juré. Troublant et fascinant. »

R. BERTIN « VOIR » (Montréal) 20/06/96

ABSURDE, LUCIDE ET HEUREUX

« Une adaptation théâtrale de l'Etranger ? C'est ce qui s'appelle vouloir se battre contre des moulins à vent. Non mais franchement, il faut savoir jusqu'où on peut aller loin ! … Manifestement, Marc Gooris, lui, le sait car on a beau s'être armé d'un profond scepticisme pour aller le voir incarner Meursault, d'une défiance ferme et apparemment inébranlable, la métamorphose ne nous épargnera pas ; un à un, il nous retournera comme des crêpes et à la fin du spectacle, c'est dans un état proprement absurde qu'on le quittera, troublé et touché, embarrassé et perplexe, mais somme toute, fasciné et très impressionné. Petite alchimie d'un tour de force. Sans autre forme de procès. (…) »

S. BADILESCU « Quartier libre » (Montréal) 30/09/97

UN PARADOXAL ETRANGER

“(…) On prendra donc plaisir à cette relecture de Camus. Marc Gooris, seul en scène, a non seulement de l'intelligence mais de la présence. Il exploite à fond la mobilité d'un visage particulièrement expressif, remodelé à l'effigie de chacun des intervenants. Toute la longue scène du procès, par exemple, en devient bouleversante et fascinante. »

J. HENRARD « Vers l'Avenir » (Huy) 18/08/98

« L'ETRANGER » : CRITIQUE SOCIALE

« Le roman est en fait un monologue écrit à la première personne, une forme d'autant plus difficile à porter sur scène. La Compagnie de l'Ours a relevé le défi : Marc Gooris livre une performance de premier plan, s'adressant directement au public. Troublant. »

B.C. « Journal de Sierre » (Sierre) 02/11/2001

LA DERNIERE CIGARETTE

« Au Théâtre International de Francfort, Marc Gooris insuffle à ce classique scolaire une nouvelle vie effrayante. (…) Les muscles se tendent sous le maillot de corps blanc, la voix enfle, le texte, la scène, le comédien et les spectateurs explosent ensemble dans une émotion furieuse trop longtemps contenue. »

Peter RUTKOWSKI « Frankfuter Rundschau » 02/03/2002

L'ETRANGER PAR ALBERT CAMUS

 Camus restitué à la perfection. Un immense acteur.

Claudine Hennequin « La Marseillaise » 19/07/2002

« L'ETRANGER D'AVIGNON »

  Interprétée par Marc Gooris, l'adaptation de l'œuvre de l'auteur de « La Peste » a déjà été applaudie par plus de 16.000 spectateurs en Belgique, au Québec, en France, en Suisse et en Allemagne. Troublant et fascinant.

« L'Est républicain » 05/02/2003

« L'ETRANGER AU PRINTEMPS DU THEATRE »

(…) et, c'est tout le trajet dans sa mémoire, pour sa propre compréhension de lui-même que Marc Gooris fait vivre d'une intensité poignante. (…) Le moindre mouvement de l'acteur, précis, est d'une rigueur implacable dans sa révolte qui s'affirme.

« Le Journal de Saône et Loire » 12/04/2003

Fiche technique

Auteur : Albert CAMUS

Adaptation : Marc GOORIS

Mise en scène : Marc GOORIS & Marie Jo DELHAYE

Direction d'acteur : Marie Jo DELHAYE

Comédien : Marc GOORIS

Conception des éclairages : Stéphane KAUFELER

Musique : Etienne DEVRESSE & Françoise BOROWIAK

Régie : Françoise BOROWIAK

Espace scénique minimum : 5m x 4m x 3m

Durée : 90 mn

Ampérage : 32A

Montage : 3 heures

Démontage : 1 heure

Coût : Nos pérégrinations nous ont amenés à travailler avec des structures très différentes. Il est évident qu'un petit théâtre de 80 places n'a pas les mêmes moyens qu'une salle subventionnée de 750 places, d'où une certaine souplesse possible dans nos tarifs…

 

Compagnie de la Grande Ourse :

Rue Pierre De Breuker, 2

1090 Bruxelles (Jette) - Belgique

+32(0)2 / 420 16 88

 

Relations presse & professionnelles :

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+32(0)476/936 659

 

Direction artistique :

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+32(0) 498/704 796

Les activités de la compagnie sont soutenues par la Communauté française de Belgique.

Le spectacle a également reçu le soutien du Commissariat Général aux Relations Internationales, de Bruxelles Wallonie Théâtre, du Conseil des Arts et des Lettres du Québec.

www.drfactory.com/etranger

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