Rue du théâtre
Gustave et Antoine (Ath/Belgique)
DIFFICILE DE DEVENIR SOI

L’adolescence est un moment difficile pour accepter d’être soi, d’avoir un corps, d’être en relations avec autrui, d’être tiraillé entre charnel et spirituel. Ce parcours, Marie Vaiana a tenté de le suivre en écrivant et mettant en scène un spectacle de gestes et de mots.

Étant donné un être fait de bestialité et de spiritualité, la fable met en présence Antoine, le jeune homme et Gustave, son chien. Ils décident de se faire passer l’un pour l’autre. Le premier, sous sa nouvelle apparence animale, expérimente la violence, le sexe, la souffrance. Le second, sous sa silhouette humaine, révèle le besoin familial de modeler l’enfant, de l’empêcher d’être autre que ce qui a été envisagé à travers son éducation et sa formation.
Gustave et Antoine
Photo © Les Plaisirs chiffonnés

La dualité des êtres sert de trame à l’histoire. Elle parie sur l’utilisation optimale des signes scéniques pour rendre évidente une situation complexe. D’autant que tous les rôles sont incarnés par deux comédiennes (la voisine, le père chirurgien esthétique, la mère… toujours identifiés par le couple moi-je). Et que, à certains moments, chacune sert de double au rôle joué alors par l’autre. C’est là que la mise en scène et le travail d’interprétation prennent une importance capitale.

Le corps comme instrument

Les mots sont complétés par le corporel. Gaëlle Gourvennec (Antoine) pratique les arts martiaux et la danse. Paola Secret (Gustave) est férue de commedia dell’arte et de travail clownesque. Elles apportent ces expériences dans leur jeu. Le réalisme une fois banni, reste une constante chorégraphie des gestes et des déplacements en alternance ou en concomitance avec la parole. Là réside le côté captivant de ce spectacle. Les actions se déroulent en une sorte de fondu enchaîné où tout devient plausible.
La manipulation d’accessoires (objets, vêtements…) réussit à typer les protagonistes secondaires, à les faire exister sur le plateau. La connivence entre les partenaires frise parfois la fusion. Leur prestation rappelle par moment le bunraku japonais dans lequel il y a concordance entre une marionnette et son manipulateur.
L’absence de décor est palliée par les éclairages imaginés par Caroline Panzera qui délimitent les espaces successifs de l’action.
La mise en scène se concentre sur les mouvements et sur le texte en faisant référence à la peinture cruelle et dépouillée d’Egon Schiele, que rappellent les costumes conçus par Hélène Ducrocq, influencée par son travail en films d’animation. Le seul point négatif attaché à cette réalisation tient au fait que le texte, puissant et poétique, passe au second plan à mi-parcours parce qu’il ne renouvelle pas assez ses rythmes face à l’inventivité permanente du travail gestuel.

Michel VOITURIER (Lille et Belgique)

Gustave et Antoine
Texte et mise en scène: Marie Vaiana
Distribution : Gaëlle Gourvennec - Paola Secret
Éclairage : Caroline Panzera
Musique : François Vaiana
Scénographie et costumes : Hélène Ducrocq
Production : Maison culturelle d’Ath – Talia – Cie Les Plaisirs chiffonnés

Au Palace à Ath, le 20 avril à 20h.

Prochainement au Lycée Arthur Rimbaud, rue Paul Foucaut - 59450 Sin Le Noble - le 10 mai 2007 à 18h. Réservations et info au +33(0)6 17 86 53 25