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Rubrique Théâtre
20 rue du Belvédère : …
La Clarencière
Fabienne Govaerts est la magicienne d’un petit lieu où, depuis deux ans, sans subside,
la culture brille ! Le Théâtre Littéraire de la Clarencière, c’est Fabienne Govaerts.
Programmations, affiches, presse, cuisine, vaisselle, repassage, travaux : elle partout !!!
Avec son fils cadet Geoffrey pour la régie son et lumière et la maintenance du théâtre.
Ce petit lieu, La Clarencière, elle l’a baptisé ainsi à cause de celui qui fut son compagnon,
le comédien André Clarence. Elle lui avait promis : « Si je fonde un lieu de spectacles,
je lui donnerai ton nom. «
Femme-orchestre...
Cette éternelle « élève libre « a sans cesse hanté, pour son enrichissement personnel, académies, conservatoires, musées, en y suivant des cours d’histoire de l’art, du théâtre… Attachée de presse au Théâtre de l’Eveil, au Bang bang théâtre, au Théâtre d’Art, créatrice journaliste du Magazine BIZZ’ art, des Prix de Théâtre BIZZ’ art responsable des relations publiques et presse au Théâtre de la Vie, rédac’chef au Magazine Saisons, animatrice des Lundis Théâtre à radio Arc en Ciel : un quart de siècle que Fabienne Govaerts hante les lieux de théâtre. Et elle nourrissait l’envie d’avoir son petit lieu à elle. « Ici, je ferai mon théâtre ! « avait’elle déclaré en promenant son regard sur les caves à charbon et l’énorme citerne à mazout du 20 rue du Belvedère.
Elle a cassé, percé, démonté, dispersé, dégagé, construit, aménagé. Cela a pris dix ans ! Aujourd’hui, un piano droit tout blanc, sur une scène blanche, avec des bancs et sièges de jardin pour la salle et un petit salon attenant avec bar, et un jardin pavé en haut des marches : caverne magique !Cadeau le 27 septembre !
Pour la fête de la Communauté française, la Clarencière ouvrira gratuitement sa deuxième saison.
Même en l’absence de tout subside ! Les comédiens joueront pour un sourire la lecture-spectacle de Thierry Dutoit : « Dernières nouvelles des nouvelles « (jusqu’au 5/10).
Programme :
Suivront jusqu’en juin 2003 : lectures-spectacles, récitals de poésie, théâtre musical, conférences, contes. Parmi les auteurs : Proust, Hugo, Omar Khayam, Christian Bobin, Musset, Dali, Crickillon, Ferré, Baudelaire, Apollinaire, Rimbaud …
Parmi les interprètes : le poète-conférencier Jacques Crickillon (la poésie persane), le récitant metteur en scène Charles Kleinberg qui nous rendra le Hugo que nous aimons, ou Jérôme de Warzée, auteur-acteur (fils de Michel), et ses one-man-show, miroirs de l’homme surdimensionné. Ou l’accordéoniste Marie-Anne Baye avec le comédien Didier De Crane pour évoquer l’univers de Bobin. La chanteuse-comédienne Pierrette Entcantada ou Sylvie Rigot qui nous vient de la radio. Ainsi que des élèves de Kleinberg au Conservatoire de Bruxelles. Sans oublier les cours de déclamation pour adultes de Charles Kleinberg …
Luc Norin
La Libre Belgique – Culture du lundi 16 septembre 2002.
Spectacles à 20h30. Téléphone : 02/640 46 70.
Site : WWW.laclarenciere.be.tf
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Les plus Courteline... sont les meilleures !
Théâtre Littéraire de la Clarencière
du 18/02/2003 au 22/02/2003
Il vous reste encore ce soir et demain samedi pour aller applaudir deux jeunes femmes , actrices de leur état, en sortie du Conservatoire : Céline De Geyter et Elsa Erroyaux.
Elles font preuve toutes deux d'une présence extraordinaire, d'un " bagage " de comédienne absolument soufflant alors qu'elles en sont pratiquement à leurs débuts, et d'un professionnalisme surprenant .
Céline (21 ans), a la vivacité, la force, le punch pour jouer les soubrettes de Molière. En plus, son visage est terriblement expressif .
Elsa, 27 ans, joue les " pointues " avec sa fine silhouette et son sourire ambigu. Plus tard, elle interprétera très certai-nement les " garces " ou " femmes fatales ". Elle aussi est fort drôle. D'ailleurs, elles se complètent magnifiquement toutes deux sur cette petite scène
.
Elles ont établi, avec la complicité et l'il bienveillant de Tristan Moreau (23 ans), un programme très varié qui ne con-naît aucune bavure ni aucun temps mort où elles jouent les personnages de Charles Cros (L'obsession et La bonne), Georges Auriol (J'ai tué la bonne), Aristide Bruant (Nini - Peau - d' Chien Le Chat noir A la Villette), Alphonse Allais (Comme les autres Les templiers), Lucien Boyer (Vive l'express de Normandie), un texte incroyable de Georges Feydeau : Le condamné à mort, Courteline (Dors en paix sur une musique d'Yvette Guilbert La première lettre et Le constipé récalcitrant),et elles terminent leur spectacle plein de joie, d' allant, de dynamisme avec la célèbre chanson d'Yvette Guilbert : Madame Arthur
Benoît Paradis (24 ans) les accompagne au piano. Elles nous plongent toutes deux au début du vingtième siècle, redevenu très à la mode, ne serait-ce déjà qu'avec les vieilles chansons enregistrées tout récemment par Patrick Bruel ! C'est chouette et décapant! Et les textes remarquables et pas du tout poussiéreux. J'opte en priorité pour " La bonne " et " Le condamné à mort " et " L'Obsession ".
Céline et Elsa savent très bien ce que " visuel " veut dire. Elles changent de tenue pour chaque sketch ou chanson. Elles doivent leurs créations vestimentaires à Ludwig Moreau (20 ans).
Ce spectacle est un véritable régal, plein de talents (eux cinq réunis), de bonheur et d'humour.
Dépêchez-vous de les applaudir car Céline et Elsa seront à Paris à l'Olympia les 14, 15 et 16 mars en première partie de Salvatore Adamo. Elles joueront un raccourci de leur spectacle. Fabuleux pour un début Et nous les retrouverons également l'été prochain en Avignon et au cours de la prochaine saison théâtrale au Théâtre du Grand Midi de Bernard Damien avec " L'Opéra des Gueux ". Elsa a un autre rendez-vous plus immédiat, à La Samaritaine, cette fois pour la mise en scène de " Tristan l'Inconstant " (avril).
Roger Simons, Roger Simons, theatre@cinemaniacs.be
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Cabaret à la Clarencière :
La jolie canaille du Chat Noir !
CRITIQUE - Michèle Friche
Des espaces chaleureux un peu exotiques, minuscules dans des caves bien aménagées, à deux pas de Flagey : entrez donc à " La Clarencière ", chez Fabienne Govaerts ! Théâtre, cabaret, poésie, musi-que, conférences y réunissent de jeunes artistes (mêlés à de plus aguerris) osant des désirs couvés tout en se " faisant " des planches. Ces soirs, un quatuor se lance dans la gouaille des cabarets du Lapin Agile et du Chat Noir, avec Courteline, Aristide Bruant, Alphonse Allais, Yvette Guilbert, Feydeau... On y tue des bonnes, on s'encanaille avec Nini-peau-d' Chien ou Madame Arthur, on y dorlote l'express de Normandie, on cherche fortune à Montmartre ...
Le rire (et le fou rire !) emporte la mise sans que les interprètes ne forcent la dose. Il est vrai que ces textes du début de siècle gardent une saveur incroyable, ce qu'ont bien compris les jeunes artistes formés par Bernard Cogniaux et Bernard Damien, à Mons.
Elsa Erroyaux joue de son élégance filiforme et de son ironie, Céline De Geyter de sa générosité ronde et pétillante. Toutes deux ne manquent pas de punch, les voix ont de belles possibilités qui demandent encore un rien de maîtrise.
Le troisième larron, Benoït Paradis officie au clavier coquin et le quatrième à la mise en scène : Tristan Moreau (par ailleurs excellent diseur/chanteur, à voir la samaritaine en avril) a trouvé le bon rythme pour ajuster dans la surprise les solos, duos et relais de ces gentes dames autour d'une bonne dizaine de casiers (vides) de bières !Ajoutez-y les détails cocasses des costumes de Ludwig Moreau avec un zeste de surréalisme inspiré des loufoqueries des textes et ce spectacle baptisé " les plus Courteline sont les meilleures " réjouira les plus grincheux. Enfin, sachez que ces tout jeunes artistes oseront la scène de l'Olympia les 13, 14 et 15 mars prochains en première partie du récital de Salvatore Adamo ! Qui dit mieux pour qui a de l'audace et du talent !
Jusqu'au 22 février à la Clarencière, 20 rue du belvédère - 1050 Bruxelles. tél. : 02/640 46 70.
Le Soir du vendredi 21 février 2003.
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Ballade de Lorne Lorna Lherne
d'après
l'oeuvre de Jacques Crickillon
Adaptation
de Christophe Van Rossom
Avec France Quenon
et Jacques Neefs
Oeil extérieur : Jean-François Brion.
Représentations les 28 et 29 mars à 20h30 ainsi que les 3, 4,
5, 10, 11 et 12 avril à 20h30
Théâtre Littéraire de la Clarencière
rue du Belvédère 20 - 1050 Bruxelles
du 28/03/2003 au 12/04/2003
... " Louange à vous, Lorna Lherne .
C'est l'écriture hors le monde que je vous célèbre .
C'est d'un ciel de pierre bleue que me vient votre voix .
Où aller, cendre ? quand le chiffre est composé .
Louange à vous, Lorna .
Je sais bien que rien ne sert à rien, qu'on va tous mourir,
que l'univers s'en fout...
Texte magnifique de Jacques Crickillon joué en ce moment à la
Clarencière par deux jeunes acteurs : France Quenon (Lorna) et Jacques
Neefs ( Lorne)
Jacques Crickillon, un écrivain dans la soixantaine, est l'auteur d'une
uvre importante qui mêle avec talent prose et poésie.
Sa muse, son initiatrice, son inspiratrice , sa dédicataire , est la
charmante épouse du poète qui travaille avec lui depuis de nombreuses
années. Le cycle de Lorna Lherne date des années 90 et
court sur six livres qui constituent l'un des plus hauts sommets de nos lettres
belges.
... " Louange à vous, ma louve. Je sais bien que mes feuilles
pourriront avec les feuilles -
Et c'est pourquoi dans les arbres on entend des poèmes.
J'ai l'air d'un vieux cheval autour de son enclos .
L'air du gosse et son château de sable, je sais, et la mer va venir, je
sais .
Et de croire à Dieu, aux anges et à la poésie.
Peut-être que je n'entends que le vent dans les feuilles des arbres, et
le vent c'est le vent d'accord !
Et vous autres, vous êtes ce que vous êtes, oui ! Vous n'entendez
rien. Vous ne parlez à personne. Vous êtes ces charognes bavardes
de mouches, vivantes de pourritures .
Voilà mon exécration. Voici mon apogiature. ..
Christophe Van Rossom (adaptateur) : Nous sommes dans une autre vie. Mêlant
le fantasme et la réalité, le poète se souvient d'un village
haut perché dans la neige où il vécut autrefois , en amont
de la rencontre , toute une saison : Our , là où il apprit à
distinguer, dans le dénuement l'essentiel de l'accessoire. Période
de quête d'une identité et d'une raison de vivre. Moment aussi
sur lequel, telle une aube annoncée, Lorna , sa compagne mythique , étend
la lumière qu'il espère.
..... " Louange à vous, Lorna, ma louve .
Qui veniez par le chemin sans souillures .
Si tout est fini, peut-être que tout commence. Que le perdu naguère
ici se trouve et se retrouve .
Louange à vous, Lorna Louve .
Pour demain, notre enfance d'eau ,
Pour ce silence d'oiseau au bord des douves ...
Texte superbe magnifié, sublimé par ces deux acteurs d'un grand
charisme et d'un enthousiasme évident.
France Quenon joue avec pureté et simplicité, en présence
sans cesse du regard de son partenaire, Jacques Neefs qui a l'art de fixer le
spectateur avec une chaleur humaine, un désir de convaincre et de l'entraîner
dans son voyage initiatique. Ils sont beaux à regarder tous les deux
avec leur jeunesse éclatante .
Christophe Van Rossom (adaptateur) : Aujourd'hui le poète vit maintenant
dans la présence de Lorna. Il pourrait y passer une éternité.
Il évoque sa rencontre miraculeuse .Le choc et la métamorphose.
Lorne rend grâce à Lorna de l'avoir inventé comme à
chaque instant elle invente le monde. Elle lui a offert le souffle et la vision
qui permettent d'écrire. Il le sait. Lorne et Lorna marchent indissociables
désormais sur le chemin d'une vie enfin imaginable
Jean-François Brion , jeune comédien et metteur en scène-,
que nous voyons de plus en plus souvent sur nos scènes belges, a prêté
son talent et un il bienveillant aux acteurs, les mettant tous deux en
situation et donnant à la poésie un aspect fictionnel. Un spectacle
très vivant que l'on regarde et écoute avec ravissement.
Fabienne Govaerts (directrice du théâtre) : Voici plus de 30
ans que l'uvre de Jacques Crickillon se déploie , fastueuse et
envoûtante, véritable chant d'amour continu à une femme
, la sienne. Car c'est bien elle, sous ses multiples avatars, qui porte et transcende
tout son projet poétique .
Cela faisait un long moment que je me battais pour réaliser un spectacle
semblable. J'y suis parvenue. J'en suis très heureuse !
Un spectacle qui " colle " admirablement à cet endroit souterrain
de la rue du Belvédère à Ixelles, devenu " théâtre
Littéraire " par la magie et la volonté d'une femme , Fabienne.
... " Quand le pélerin arrive au monastère, la montagne
se referme comme un manteau de prière .
Le pélerin à genoux dans la poussière comme une montagne
sur sa mort.
Et les mots qu'il dit, les mots qu'il dit sans les dire creusent dans la chair
de sombres figures souriantes .Et laissent dans la chair de l'air, toutes paroles
éteintes, ce sourire de lumière ,
Que voici ,
Au seuil de la nuit ,
Sur la haute marée de sable .
Aujourd'hui ,
Et à l'heure de notre envol ...
J'étais présent le soir de la première et j'ai pu constater
le bonheur et la joie que ressentaient, non seulement la directrice du théâtre,
mais aussi toute l'équipe du spectacle. Et l'auteur, accompagné
bien évidemment de son épouse (pourraient-ils d'ailleurs se séparer
une seule seconde ?) , suivaient avec sérénité et inquiétude
à la fois, leurs mots mis en bouche par les comédiens.
Quand le pèlerin
Comme l'oiseau voyageur s'étanche à l'étang secret .
Comme le louveteau s'émerveille d'une solitude blanche .
Quand le pélerin arrive au monastère .
Comme le flot de colombes se noie dans l'azur .
Comme le fleuve sans âge à sa source médite .
Quand le pélerin arrive au monastère de la montagne de sa vie
.
Comme repose la pierre à l'assise vouée - et là-haut la
cime signe, et là-bas la mer à l'éternel enseigne .
Le pélerin s'agenouille et rend grâce. Et la sphère de silence
s'élève au-delà. Voici que posé sur sa mort il rend
grâce .
La porte du monastère ne s'ouvrira pas. Nul ne viendra avec lui partager
des vérités .
Le pélerin s'en va au-delà, vers le creux de pierre de son corps
.
Vers le creux de pierre de sa vie et de sa mort .
La nuit, la nuit des mots, la haute nuit des mots de l'amour
Exauce ce jour notre envol .
Une soirée consacrée à la poésie, la vraie poésie,
celle de toujours , qui demeurera présente à travers le temps
qui passe
(extraits du texte de Jacques Crickillon, adapté pour la scène
par Christophe Van Rossom , ainsi que de propos publiés dans le programme
du théâtre)
Roger Simons, theatre@cinemaniacs.be
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9 mars 2014
24 octobre 2016